Cavalier depuis presque 15 ans, spécialiste du horseball, celui qui galope depuis son plus jeune âge juché sur une monture se met à faire de même avec ses propres jambes bien des années après. Athlète affectionnant particulièrement le demi-fond court, mais également entraîneur de saut en hauteur au sein du club, nous allons à la rencontre de Valentin Richard (19 ans), de son parcours atypique et de sa vision de l'entraînement. 

Bonjour Valentin. Comment un jeune homme qui, de base, dompte plus aisément une créature de 600kg qu'une montée de lactique, se retrouve sur une piste d'athlétisme plusieurs fois par semaine ? 

Cavalier depuis mon plus jeune âge, je m'étais initié à l'athlétisme au collège, mais avais été contraint d'arrêter rapidement suite à des problèmes de croissance. Ce n'est finalement que bien plus tard, lors du confinement lié à la pandémie de Covid 19, que je me mets réellement au trail. Puis je redécouvre l'athlétisme en classe de Terminale, et rejoins ainsi le DAC en 2022. Ayant fait mes débuts sur 400m, c'est aujourd'hui sur 800m que je me plais le plus. 

Mais tu n'as pas limité ton investissement à ton propre entraînement : tu encadres actuellement les Benjamins / Minimes sur le saut en hauteur notamment. Quel est ton rapport à cette discipline, et ton rôle au sein du club ? 

Etant en 2ème année de licence STAPS mention « Entrainement sportif », je me devais de faire un stage dans un club sportif avec intervention en entraînement. C'est dans ce cadre que j'interviens au sein du DAC : mon intervention consiste à développer les capacités physiques et motrices des Be/Mi et plus spécifiquement à la hauteur afin de leur permettre de progresser et donc sauter plus haut. Avant de commencer mon stage, je ne connaissais que les grands principes du saut en hauteur. Il s'agissait donc d'un véritable challenge, et je me suis plongé dans des livres et de nombreux articles pour en apprendre un maximum sur la discipline. 

Qu'est-ce qui te plaît le plus dans le fait d'entraîner ? 

Beaucoup de choses me plaisent dans l'intervention avec les Be/Mi. La première est de constater que les entraînements que je leur propose commencent à porter leurs fruits (prise de plaisir à l’entraînement et progression). Le fait d’avoir une autonomie et une liberté pédagogique dans les activités que je présente est aussi un très bon point. La bonne ambiance de travail et la bonne humeur de tous sont des aspects très motivants. Par la suite, selon mon orientation dans les années proches, j’aimerais continuer à entraîner au sein du DAC.

Prenons maintenant un peu de hauteur sur les enjeux de l’entraînement. Selon toi, quels sont les prérequis pour construire quelque chose de solide sur le long terme ? 

Pour moi, la relation athlète-entraîneur doit tout d’abord se baser sur une relation de confiance et de respect mutuel. L’athlète doit faire confiance à l’entraîneur vis-à-vis des entraînements proposés. Réciproquement, l’entraîneur doit avoir confiance en ses athlètes afin de leur laisser une part d’autonomie et ne pas les « fliquer ».

La part de prise de plaisir et de bien être dans les entraînements est également primordiale. Rien n’est plus important pour garder une motivation intacte au fil des séances. C’est pour cela que j’essaye de toujours favoriser une bonne ambiance et une prise de confiance lors des entraînements auprès des Be/Mi.

Patience et persévérance (autant de l’entraîneur que de l’athlète) sont aussi des points majeurs à garder à l'esprit, car les résultats peuvent parfois mettre du temps à arriver, d'autant plus s'il y a un manque de régularité et d'assiduité dans l’entraînement.

J'accorde un éclairage particulier à l’entraide lors des entraînements et compétitions. Il s'agit selon moi d'une composante importante dans un sport à connotation « individuelle ».

Pour construire un plan d’entraînement (pour les Be/Mi en hauteur), je me base sur l’étude des facteurs de performance en saut en hauteur et travaille un ou deux facteurs spécifiques à chaque séance. J’adapte aussi les entraînements en fonction du niveau et des points à améliorer de chacun, et je veille à espacer suffisamment les séances "difficiles" dans le temps. 

De plus, j’essaye dans la mesure du possible d’ajouter une séance de préparation physique, notamment de la pliométrie et travail d’appuis.

Une dernière question Valentin : dans quelle mesure as-tu puisé dans ton vécu en tant qu'athlète pour devenir entraîneur ? 

Du fait de mon expérience qui n'est encore que limitée en tant qu'entraîneur, j’utilise en partie mes propres principes d’entraînement lorsque j’entraîne les Be/Mi.

Par exemple, je sais qu'il y a quelques pièges à éviter sur l’application des entraînements : vouloir absolument appliquer la séance à la lettre sans tenir compte de l’état de forme, des difficultés ou du calendrier. En effet, une compétence cruciale est d’être en mesure de s’adapter et d'adapter la séance en fonction des besoins et de la fatigue de l'athlète.

D’autre part, l'entraîneur, comme l'athlète, doit être capable d'une rétrospection sur lui-même, pour remettre en cause ce qui a marché ou non lors de l’entraînement et ainsi être en capacité de s'améliorer de jour en jour.

Un grand merci pour ton temps et tes réponses ! Nous te souhaitons le meilleur pour la saison de piste !